PLUIE D’ÉTOILES – LE MYSTÈRE CLOUZOT

Une rétrospective des films de Henri-Georges Clouzot, labellisés Patrimoine et Répertoire par l’AFCAE
programmés dans le réseau de salles des CIBFC

 

Avec les films : 

L’assassin habite au 21
Le Corbeau
Quai des Orfèvres
Le Salaire de la peur
Les Diaboliques
Le Mystère Picasso
La Prisonnière
La Vérité

 

Salles participantes :
L’Action Palace à Chauffailles
L’Arletty à Autun
Les Arts à Cluny
Le Crystal Palace à La Charité-sur-Loire
Le Danton à Gueugnon
L’Étoile à Saulieu
L’Étoile à Semur-en-Auxois
La Maison du Peuple à Saint-Claude
Le Majestic à Digoin
L’Odéon à Genlis
La Palette à Tournus
Le Select à Chatillon-sur-Seine
Le Studio MJC à Dole
Le Vox à Laignes

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Une conférence Le Mystère Clouzot, animé par Noël Herpe, écrivain et historien du cinéma, commissaire de l’exposition Le Mystère Clouzot à La Cinémathèque Française sera proposée aux spectateurs des salles du réseau : 

Jeudi 11 janvier – 20h30 : Le Majestic à Digoin (71)
Vendredi 12 janvier – 20h30 : L’Arletty à Autun (71)
Samedi 13 janvier – 18h15 : L’Étoile à Semur-en-Auxois (21)
Mercredi 17 janvier – 19h : Studio MJC à Dole (39)
Jeudi 18 janvier – 19h : Les 2 Scènes à Besançon (25)

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L’ASSASSIN HABITE AU 21 

France. 1941. 1h24. Noir et blanc. Avec Pierre Fresnay, Suzy Delair, Jean Tissier…

Des crimes sont commis par un mystérieux assassin qui laisse à chaque fois une carte de visite au nom de Durand. Le commissaire Wens, chargé de l’enquête, est averti qu’un cambrioleur a été arrêté, les poches pleines de ces cartes. Le suspect prétend les avoir volées dans une pension de famille, la Pension Mimosa au 21 avenue Junot à Montmartre. Wens s’y installe, déguisé en pasteur, bientôt rejoint par sa maîtresse, Mila Malou, qui a envie de jouer les détectives. Une vieille fille est assassinée et l’un des pensionnaires, Colin, est soupçonné et arrêté. Mais un nouveau meurtre est commis…

L’un des meilleurs “policiers” des années 40. Ce premier film de Clouzot l’impose par la noirceur de sa peinture : la vision des pensionnaires du 21 est sans concessions et le suspense habilement agencé. Mais Clouzot est aussi servi par une pléiade d’acteurs extraordinaires : le trio Tissier-Larquey Roquevert et le couple Fresnay Delair forment un amusant contrepoint au sinistre M. Durand.

 

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LE CORBEAU

 

 

 

 

 

 

 

 

France. 1943. 1h32. Noir et blanc. Avec Pierre Fresnay, Ginette Leclerc,  Micheline Francey…

Les notables de Saint-Robin, petite ville de province, commencent à recevoir des lettres anonymes signées Le corbeau, dont le contenu est calomnieux. Ces calomnies se portent régulièrement sur le docteur Rémi Germain, accusé de pratiques abortives, ainsi que sur d’autres personnes de la ville. Les choses se gâtent lorsque l’un des patients du docteur Germain se suicide, une lettre lui ayant révélé qu’il ne survivrait pas à sa maladie. Le docteur Germain enquête pour découvrir l’identité du mystérieux corbeau…

Alfred Greven, le patron de la firme allemande Continental commanda, c’est vrai, ce film. Mais, contrairement à la légende, il ne le projeta pas en Allemagne, afin de dénoncer les mœurs françaises. A la Libération, en revanche, ce fut l’hallali : on accusa Clouzot et son scénariste, Louis Chavance, d’avoir peint un ramassis de Français détestables. Clouzot restera près de deux ans suspendu d’activité. Considéré depuis comme l’un des chefs-d’oeuvre du cinéma français, Le Corbeau marque le “style” de son auteur : réalisation minutieuse, atmosphère lourde, pesante, personnages déchirés. L’un des plus beaux rôles de Ginette Leclerc.

 

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QUAI DES ORFÈVRES

France. 1947. 1h47. Noir et blanc. Avec Louis Jouvet, Simone Renant, Bernard Blier…

Jenny Lamour, chanteuse de music-hall, est mariée à Maurice, qui l’accompagne au piano pendant ses tours de chant. Très amoureux d’elle, ce dernier est également fou de jalousie. Impatiente d’arriver en haut de l’affiche, Jenny est prête à jouer de tous ses charmes, y compris auprès de Brignon, un riche et célèbre producteur…

Pour satisfaire ses pulsions inavouées, celui-ci fait photographier des jeunes filles nues par Dora, une des meilleures amies de Jenny. Maurice, excédé par le manège de Jenny, l’empêche de se rendre à son rendez-vous avec Brignon qui souhaite, soi-disant, lui proposer un rôle, et décide d’y aller à sa place. Après une vive altercation, il menace de mort le producteur devant témoins. Brignon est assassiné peu après. L’inspecteur Antoine est chargé de l’enquête.

L’anecdote policière n’a que peu d’importance. Ce qui compte ici, c’est l’intelligence de la mise en scène, la virtuosité des mouvements de caméra, l’atmosphère parfaitement rendue des bureaux de la PJ ou celle d’un petit music-hall. C’est aussi une vision très noire et très amère de toute une société avec une galerie de personnages étonnants, que ce soit la photographe lesbienne ou le vieillard contrefait. Quant à l’inspecteur Antoine, magnifiquement incarné par Louis Jouvet, il garde toute son ambiguïté, cachant son humanité sous un masque de froideur et d’ironie. Une grande réussite qui n’a pas pris une ride.

 

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LE SALAIRE DE LA PEUR

France/Italie. 1952. 2h33. Noir et blanc. Avec Yves Montand, Charles Vanel, Peter Van Eyck…

Ours d’or – Festival de Berlin 1953
Palme d’or et Prix d’Interprétation Masculine pour Charles Vanel – Festival de Cannes 1953

A Las Piedras, au cœur de l’Amérique centrale, un groupe d’aventuriers de nationalités différentes – Allemands, Français, Italiens, Espagnols – restent sans travail alors que la compagnie pétrolière américaine exploite la seule richesse de la région. Exilés volontaires, recherchés ou sans le moindre sou, ils ne peuvent partir de cet enfer et attendant le miracle qui leur permettrait de fuir. Quand Jo, un dur à cuire français, débarque, il se lie d’amitié avec son compatriote Mario, qui délaisse alors la séduisante Linda. Mais à la suite de l’incendie d’un puits de pétrole, la compagnie décide d’embaucher quatre hommes prêts à tout pour convoyer la nitroglycérine nécessaire pour éteindre le brasier. Jo et Mario sont choisis, ainsi que Luigi l’Italien et Bimba l’Allemand. Les quatre aventuriers partent dans des camions usagés, avec à l’arrière l’explosif sensible au moindre choc. Une périlleuse odyssée commence sur les routes ravagées du pays…

Une atmosphère moite et lourde parfaitement reconstituée. Une photo splendide qui souligne l’agressivité et la beauté des décors sauvages. Un suspense magnifiquement agencé avec des rebondissements dramatiques angoissants. Une oeuvre dure et violente qui “prend aux tripes” et qui, malgré les années, reste un grand moment de cinéma.

“ Ce que j’admire d’abord et sans réserve dans Le Salaire de la peur, c’est cette capacité à faire surgir du néant, comme un mirage, un monde d’une vraisemblance irrécusable, qui a tous les attributs d’une réalité précise saisie sur le vif et cependant totalement voulue et imaginée par l’auteur. ”
André Bazin

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LES DIABOLIQUES

France. 1954. 1h57. Noir et blanc. Avec Simone Signoret, Vera Clouzot, Paul Meurisse…

Prix Louis-Delluc 1954

Dans un ancien château de la banlieue parisienne, Michel Delasalle, un homme odieux et despotique, dirige une école privée, secondé par son épouse légitime, Christina, une Brésilienne au coeur fragile qu’il martyrise en exploitant sa richesse, et sa maîtresse Nicole, une jeune institutrice avec laquelle il ne craint pas de s’afficher. Après maintes humiliations, les deux femmes décident de s’entendre et de s’unir pour tuer ce tyran…

Une atmosphère inquiétante et une sourde angoisse planent sur ce film parfaitement maîtrisé, où règne un climat noir et désespéré. De ses décors glauques naît une poésie morbide qui ajoute à la valeur de cet habile suspense. Les Diaboliques est sorti en 1955. Cinq ans plus tard, Alfred Hitchcock dévoile Psychose. La légende veut que le maître du suspense ait été un peu «jaloux» du film de Clouzot et qu’il ait voulu aller plus loin encore. Reste que les films se répondent par des détails, meurtre dans la salle de bains, monstres du quotidien, peur ordinaire et surtout une fascination pour la culpabilité et la question du mal qui hantent l’oeuvre des deux cinéastes. Plus tard, Hitchcock a adapté un autre roman de Boileau-Narcejac, et ce fut Sueurs froides.

 

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LE MYSTÈRE PICASSO

France. 1956. 1h56. Noir et blanc.

Curieux de savoir ce qui se passait dans la tête de Rimbaud quand il écrivait Le Bateau ivre ou dans celle de Mozart quand il composait la symphonie Jupiter, Henri-Georges Clouzot décide de filmer le peintre Pablo Picasso au travail. Dans les studios de la Victorine à Nice, le peintre âgé de 72 ans se met devant son chevalet. Grâce à des encres spéciales venues des Etats-Unis, les dessins du maître espagnol apparaissent directement à l’écran, mais changent, évoluent et les coqs se métamorphosent parfois en poissons ou en fleurs. Picasso peint des corridas, des toréadors et accepte de réaliser une oeuvre en moins de cinq minutes pour Clouzot

Au cours du printemps 1955, Picasso appelle Clouzot à la Colombe d’Or et lui dis : “ Viens j’ai quelque chose à te montrer ”. Le peintre qui reçoit des cadeaux du monde entier vient de trouver dans son courrier des stylos feutres fabriqués aux U.S.A. Clouzot : Immédiatement, Picasso attrapa un bloc et jeta en quelques secondes une de ces esquisses foudroyantes qu’il a l’air de jeter à tous les vents. La page tournée, le dessin s’était imprimé sur la page suivante, puis sur la troisième, puis sur la quatrième : le bloc tout entier était traversé. Les deux hommes s’enthousiasment. Le cinéaste vient de trouver le procédé essentiel de son futur film : “on
pouvait filmer une toile à l’envers et assister ainsi, secrètement, à l’oeuvre de création”. Il faudra plusieurs semaines pour trouver, chez un fabricant grenoblois, du papier calque adéquat. Au début du mois de juin, les deux complices louent à leur frais un studio à la Victorine. Leur projet est de réaliser un court métrage de dix minutes. très rapidement, ce projet initial semble réducteur devant la masse de matériaux.

“ L’importance du Mystère Picasso est inestimable. Il faudra mettre quelques temps à découvrir et explorer le massif critique qu’il fait surgir volcaniquement et qui pénètre loin à l’intérieur des paysages du cinéma et de la peinture. ”
André Bazin – Cahiers du Cinéma

“ Une grande oeuvre, tant par le génie tranquille du personnage que par la beauté de la matière du film et l’ingéniosité du cinéaste.” François Truffaut – Temps

 

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LA PRISONNIÈRE

France/Italie. 1968. 1h46. Couleur. Avec Elisabeth Wiener, Laurent Terzieff, Bernard Fresson…

Josée est la femme d’un artiste qui expose dans la galerie d’art moderne de Stan Hassler. Celui-ci, impuissant et pervers, satisfait ses instincts en photographiant les femmes dans des poses humiliantes. Josée est fascinée par cet homme, auquel l’attache bientôt un véritable amour…

Initialement intitulé Le Mal, ce film choque, agresse, mais cette descente aux enfers de la perversion n’est en rien complaisante. Elle constitue une interrogation sur ce qui peut être “la pire douleur : le manque d’amour et le désespoir” (H. G. Clouzot). Un film d’une rare virtuosité technique qui atteint à l’essence même de l’art cinétique moderne.

“ Il y avait dans mon scénario un personnage de photographe professionnel qui ressemblait trop à celui de Blow-up. J’ai déchiré mon scénario. Mais je devais tourner mon film deux mois plus tard. Je ne me suis pas dégonflé et en deux mois j’ai écrit un scénario qui est plus ou moins celui de La Prisonnière. ”
“ Ce film est le plus proche de moi, le plus sincère, celui où je me livre le plus ”
H.G. Clouzot

 

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LA VÉRITÉ

France/Italie. 1960. 2h06. Noir et blanc. Avec Brigitte Bardot, Sami Frey, Marie-José Nat…

Dominique Marceau est accusée d’avoir tué avec préméditation son amant, Gilbert Tellier, un musicien de talent par ailleurs fiancé à sa soeur, Annie. Devant le jury d’assises, Dominique se défend alors que tout l’accuse : son enfance difficile, ses moeurs libres. Dominique s’est mis en tête de séduire Gilbert pour ennuyer sa soeur, la trop sage et studieuse Annie. Puis, devenue la maîtresse de Gilbert, elle s’est laissée prendre au piège de l’amour-passion. Mais Gilbert, lui, a décidé de rompre, ne supportant pas que Dominique soit simple serveuse dans une boîte de nuit. Apprenant le prochain mariage de sa soeur avec Gilbert, Dominique décide de se suicider…

Avec pour toile de fond un grand procès d’assise, Clouzot pose le problème : qu’est-ce au juste la Vérité ? Quelle est cette version des faits que l’on s’obstine à retrouver exactement pour se permettre ensuite de juger un être humain ? Et l’évidence apparaît bien vite dans cette oeuvre qui amalgame le sens aigu du cinéma, l’envolée théâtrale si bien en place dans un tribunal, et la dialectique avec un bonheur et une compétence qu’un Cayatte pourtant attentif au problème n’atteindra jamais : il n’y a pas de Vérité ! Ou, ce qui revient au même, chacun a la sienne. Réussite technique et acteurs de talent servent ce film où B. B. accédait au statut de tragédienne.

“ Ce qui m’enchante dans La Vérité, c’est ce dont le cher cinéma américain depuis toujours me comble, c’est ce que m’apportait aussi En cas de malheur, c’est la rencontre bénéfique d’un vrai metteur en scène et d’une authentique bête de cinéma, du talent et du mythe, du cerveau et du cœur, de la lucidité et de la passion, ce sont les vertus intéressées mais efficaces du star-system. Clouzot le méchant, le sordide, l’implacable, je ne l’aimais guère. Mais frappé par le talisman Bardot, qui pourtant ne réussit pas à tous, le revoici débarrassé d’un préjugé qui lui a coûté cher, guéri de son ” complexe de Stroheim”, transfiguré, touché par la grâce et, ma foi, presque fleur bleue. Clouzot miraculé, Bardot miraculeuse (…)”
Roger Tailleur – Positif

 

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